Ce projet est centré sur l’étude des nominalisations, c’est-à-dire des noms dérivés de verbes (évasion,
arrivée, refus) ou d’adjectifs (rapidité, beauté, hauteur). Ces noms se présentent comme une énigme
pour la grammaire du fait qu’ils héritent, de par leur statut transcatégoriel, de propriétés typiquement
associées aux verbes ou aux adjectifs tout en ayant les propriétés des noms, en premier lieu, celles du
genre et du nombre. Les noms dérivés de verbes (ou noms déverbaux) peuvent par exemple exprimer
des événements, réaliser des arguments, marquer l’aspect ou encore la diathèse. En revanche, ils ne
marquent plus ni la personne, ni le temps, ni le mode. Ainsi, ils occupent une zone grise entre le pôle
proprement verbal associé à l’idée d’action et le pôle proprement nominal associé à l’idée de
substance.
Il existe de nombreuses études sur les propriétés syntaxiques, sémantiques, morpho-syntaxiques et
discursives des nominalisations. La spécificité de notre approche est de considérer la nominalisation
du point de vue de l’usage, dans une perspective contrastive entre différentes langues, et entre
différentes oeuvres littéraires de la francophonie, potentiellement soumises à l’influence d’une autre
langue. Le fil conducteur de notre recherche sera de préciser le statut des nominalisations dans cette
zone grise entre l’expression de l’action et l’expression de la substance. Nous tacherons de répondre
aux questions suivantes relevant respectivement d’un volet linguistique et d’un volet littéraire :
1. Quelles sont les contraintes structurelles qui conditionnent l’usage des nominalisations ? Peut-on
déterminer si une langue serait plus nominale ou plus verbale qu’une autre ?
2. Lorsqu’un auteur a théoriquement le choix entre une forme verbale ou nominale, quelles sont les
motivations qui lui font préférer la forme nominale ? Quels sont les effets de sens véhiculés par la
nominalisation ?
Le groupe de travail constitué de linguistes du Lattice, de l’Inalco et de l’Université de Cardiff ainsi
que de littéraires de l’ITEM et de l’Université de Bâle présentera les résultats de ses recherches en
juin 2020, lors d’un colloque (La nominalisation dans les oeuvres de la francophonie) dont une des
spécificités sera de proposer un prix jeune chercheur, pour encourager les étudiants à participer. |